La compaction des sols

Dans une démarche agronomique de protection des sols, la compaction est une préoccupation importante. C’est aujourd’hui un obstacle majeur à la productivité des terrains agricoles puisqu’elle affecte directement le développement racinaire des plantes et la qualité du sol. Au niveau mondial elle touche 68 000 000 d’hectares, soit l’équivalent de la surface agricole du Brésil ! (Flowers et Al.1998)

Un sol bien structuré se compose de 25% d’air, 25% d’eau, 45% de matière minérale et 5% de matière organique. En provoquant une perte de porosité, la compaction engendre une augmentation de la densité du sol et rend le développement racinaire difficile.

Les cultures de printemps comme le maïs sont les plus sensibles. Leur cycle étant très court (tout comme celui des légumineuses qui ont besoin d’un sol très aéré). Les plantes à pivot sont également sensibles car elles possèdent peu de racines (colza, tournesol, betteraves).

Il existe deux types de compaction :

La compaction de surface : à moins de 20cm de profondeur
La compaction de profondeur : au delà de 20cm.
La compaction de surface est causée par une pression excessive des pneumatiques à la surface du sol. C’est celle qui est la plus dommageable pour le rendement mais il est facile d’y remédier.

La compaction profonde est causée par une charge par essieu trop élevée.  Elle a moins d’effet immédiat sur le rendement mais est plus difficile à constater et il est difficile d’agir. Idéalement il ne faudrait pas dépasser 10T/essieu, mais sur les bennes ou les citernes à fort cubage ce seuil est largement franchi, de même que sur les automoteurs de récolte (les arracheuses à betteraves automotrices typiquement).

La solution pour lutter contre la compaction de surface est d’augmenter la surface de contact au sol des engins. Sur les tracteurs de moyenne puissance les pneumatiques basse pression de dernière génération sont une solution adaptée mais lorsque que le besoin d’adhérence est important comme pour les tracteurs de forte puissance, alors les chenilles sont le meilleur moyen d’exploiter au mieux le matériel. Elles sont aussi une option intéressante pour les équipements de récolte, qui sont de plus en plus gros, et dont le poids par essieux est élevé.

 
Trafic contrôlé (ou CTF : Controlled Traffic Farming)
Qu’est-ce que le trafic contrôlé ?

 
Le trafic contrôlé est une technique simple qui consiste à localiser le passage de matériel roulant dans des traces fixes année après année afin de limiter le tassement à des zones précises et ne jamais affecter le reste de la parcelle. Couramment appellé « CTF » pour Controlled Traffic Farming, le trafic contrôlé a été développé depuis les années 1990 en Australie.

Il permet de réduire la surface « roulée » a 20%, contre plus de 80% dans un système classique. En effet sur une année, entre les largeurs de travail et les voies différentes des machines, la diversité des cultures, les recoupements et l’angle que l’on prend parfois pour travailler le sol, la surface roulée peut atteindre près de 100% de la surface !

Il vaut mieux rouler toujours au même endroit que décaler les passages, surtout pour les charges lourdes. En effet 75% de la compaction se produit lors du premier passage !

Si vous pratiquez le strip-till et que vous utilisez un guidage RTK, alors vous pratiquez déjà une forme de trafic contrôlé. Dans le meilleur des cas votre moissonneuse batteuse passe peut être dans les mêmes traces que vos tracteurs qui strip-tillent et sèment ?

 
Quels sont les avantages du trafic contrôlé ?

 
Les principaux avantages du trafic contrôlé sont :

Amélioration de la structure du sol
Meilleure circulation de l’eau (en cas d’excès comme de manque)
Amélioration de l’efficience des intrants (meilleure ponctualité des traitements et des épandages d’engrais grâce à l’amélioration de la portance)
Gestion des adventices plus facile
Meilleure qualité des récoltes (meilleur taux d’huile en colza par exemple)
Réduction des coûts d’implantation (le travail profond du sol devient inutile, la puissance de traction nécessaire diminue)
Augmentation des rendements
Les avantages du CTF sont visibles dans toutes les situations. D’abord utilisé en Australie pour créer des planches favorables à l’écoulement de l’eau dans les régions humides, la technique s’impose aujourd’hui dans les régions plus sèches ou l’amélioration de la structure des sols montre des gains de rendement de 15 à 30%. Plus proche de chez nous, en Angleterre, les résultats d’essais longue durée montrent également une augmentation de rendement de 10 à 20% (Harper Adams University). D’après les études européennes, les cultures de printemps montrent généralement un gain de rendement supérieur aux céréales d’automne. Celles-ci s’enracinant en sol humide, elles ont en général moins de mal à explorer le profil et valorisent davantage l’amélioration de la structure du sol (comme on le voit en strip-till pour l’ensemble des cultures à cycle court).

 
Comment met-on en place le trafic contrôlé ?

 
Dans les grandes exploitations, la largeur du « système » CTF est déterminée par la largeur de la coupe de la moissonneuse batteuse ou bien de la rampe du pulvérisateur. Le plus facile dans ce cas est de diviser la largeur du pulvérisateur en multiples, par exemple :

pulvérisateur 36m
semoir et outils de déchaumage en 12m ou 9m
Dans un tel système la surface « roulée » est de 15%.

Dans ce cas les tracteurs doivent rouler au maximum dans les traces de la moissonneuse batteuse :

en voie de 3m pour rouler exactement dans les mêmes traces mais il est alors difficile de circuler sur la route.
en voie de 2m, et grâce à la largeur des pneumatiques ils vont chevaucher une partie des traces de la moissonneuse batteuse.

Pour les largeurs inférieures à 9m il est aussi possible de faire du CTF ! Voici un exemple avec un semoir de 4 mètres :

La moissonneuse a une voie de 2m et 6m de largeur de coupe

Le tracteur sur le semoir de 4m a une voie de 1.80

Les voies ne sont pas exactement les mêmes mais cela forme un modèle qui se répète tous les 12m. La surface « roulée » est de 30 à 40% selon la largeur des pneumatiques.

Conclusion

Le trafic contrôlé part d’un principe simple : organiser les passages pour diminuer et localiser la compaction. C’est une gestion complémentaire de l’agriculture de conservation, ou du strip-till pour améliorer la structure du sol. Dans certaines situations c’est même le trafic contrôlé qui améliorera les résultats en semis direct. Une fois les passages définis, le CTF ouvre de nouvelles opportunités grâce à la précision du guidage utilisé, comme le semis entre les rangs de la culture précédente, la localisation d’engrais, ou les traitements en inter-rang.

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